Live Memorium

Ecrit par Monsieur Geminga le 25 juin 2024

Scénarisé par Miki Makasu et mis en image par le trait vif de Benoit Bourget, Live Memorium raconte l’histoire de Tomasu, jeune japonais introverti, employé comptable dans une boîte de poupées sexuelles hyper-réalistes.
Sa vie se partage entre les repas chez sa mère, les parties de jeu vidéo chez son meilleur ami et une vie sexuelle entièrement artificielle.

Car Tomasu n’est pas seulement comptable. En secret, il se charge de tester les produits de sa société, ce qui lui vaut de subir railleries et chantage de la part de ses collègues.

Tout va basculer à la mort de sa mère. Soudain obsédé par un horrible souvenir d’enfance qui refait surface, Tomasu va découvrir le Live Mémorium : une technologie qui permet de revivre et de modifier sa mémoire.
S’il n’y a guère de danger à contempler son passé, le modifier ne sera pas sans conséquences, et Tomasu va vite s’en rendre compte.

La bédé aborde deux thèmes distincts et les entremêle assez habilement. D’une part, l’aspect cyberpunk et anticipation, où cette machine -le Live Memorium- nous questionne sur un sujet au croisement des neurosciences et de la psychologie : la personnalité est-elle liée à nos souvenirs, et à ce que nous retenons de notre vécu ? Modifier ce que l’on a retenu de son passé peut-il renverser notre manière d’être dans le présent ? Possiblement, répondront des spécialistes. L’histoire, elle, ne s’embarrasse pas de suppositions alors que le héros se métamorphose radicalement au fur et à mesure des séances.

Moi, moche et moustache

Et puis, il y a un autre thème qui constitue le fil conducteur discret de cette histoire : la misère affective et ce qu’une société hyper-technologique nous offre pour y pallier. Ici, ce sont des poupées sexuelles réalistes qui servent de pis-aller au héros. Il est l’archétype de ces individus souffrant d’un manque cruel de vie sociale, affective et sexuelle. Ses déambulations dans une cité écrasante et tentaculaire nous montre les grands paradoxes de l’époque : entouré de millions de personnes, Tomasu reste seul. Et sa seule consolation dans ce monde tient aux jeux vidéo et à des robots.

La bédé n’est pas exempte de défauts : les méchants sont caricaturaux, le dessin parfois confus dans les scènes d’action, mais l’ensemble tient la route.

L’intrication du cyberpunk et de son questionnement presque scientifique avec un sujet sociétal actuel font de “Live Mémorium” une petite curiosité assez fascinante.

 



En bref

Un one-shot
Une BD de : Miki Makasu (scénario) et Benoit Bourget (dessin)
Édition : Glénat


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Monsieur Geminga

Ragondin moustachu à la barbe mal taillée, il va tenter de s'imposer parmi les loutres en tant que rédacteur-rongeur. Vous le croiserez peut-être dans son habitat naturel, sur les bords de la Vilaine, en train de grignoter un Métal Hurlant.

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